01 Juin, 25

Après avoir franchi la ligne d’arrivée de l’Ardéchoise en 2024, Gilbert Vial perclus de crampes, avait d’immenses regrets. Sans ces maudites contractions, il aurait pu améliorer nettement son classement pourtant très honorable : 26ème de sa catégorie. Aussi, il aborda l’année 2025 avec l’esprit revanchard en réservant une chambre dès le début de l’année à proximité de St Félicien. Mais au mois d’avril, Simone sa compagne, lui annonça qu’elle ne serait pas là pour accueillir les touristes, qui avaient réservés les gites pour le samedi 14 juin, date de la cyclosportive 2025. Un peu dépité, il dût se résoudre à faire une croix sur cette participation, ce qui lui ôta l’envie de s’entrainer sur de longues distances.  Le président de l’USP l’entraina à participer au rallye de Serres le 10 mai, où ils effectuèrent ensemble le circuit de 105 km et profitèrent du repas organisé dans une ambiance conviviale, par le club local à l’issue de l’épreuve. Ce fut l’occasion de revoir les collègues du BCG et ceux de Mollégès.  Cependant après cette épreuve, Gilbert préféra pédaler en soirée sur des distances de 50km, plutôt que de m’accompagner sur des sorties de 120km avec un D+ de 1000 mètres.

Puis fin mai la réservation du 14 juin s’annula subitement comme un signe du destin. Il saisit cette opportunité pour bloquer les réservations à cette date, afin de se laisser une chance de participer à cette épreuve, qui lui tient à cœur. Mais le temps était compté. Il ne restait que 15 jours pour se préparer à cette échéance sportive. Dans la foulée de cette bonne nouvelle, il décida de faire une sortie longue d’au moins 140km en m’indiquant, son envie de partir des Paluds pour aller escalader Lagarde d’Apt et retour. Cependant au cours de la sortie du 31 mai, Il s’épancha sur le sujet et me fit part de son indécision quant à la réalisation ce périple programmé pour le lendemain.

Je lui ai donc proposé de l’accompagner, ce qui lui rendit une lueur d’espoir de prendre part à la compétition du 14 juin. Même Alain Louchard qui était à court d’entrainement, s’est joint spontanément à nous sur une quarantaine de kilomètres, avant de rebrousser chemin.

C’est à 6h00 que nous nous sommes rejoints au Pont Coloré, situé à la sortie du village des Paluds de Noves le dimanche 1er juin. Les feux de signalisation allumés, nous avons débuté l’aventure au milieu d’un léger brouillard, qui mit du temps à disparaitre. Le thermomètre affichait 18°. Partis prudemment, nous avons pris la direction de Cavaillon par le chemin des Parties, avant de rejoindre l’EuroVelo 8 qui est une piste cyclable à faible déclinaison, érigée sur l’ancienne voie ferrée. Relier les Pyrénées aux Alpes, l’Espagne à l’Italie par les chemins de traverse de la France, tel est l’ambition de cet itinéraire. Excepté sur les premiers 300 m en agglomération de Cavaillon, l’itinéraire est correctement jalonné avec un revêtement lisse adapté à la pratique des rollers sur les parcours en voies vertes, qui sont confortables malgré quelques barrières un peu contraignantes. De beaux paysages jalonnent la véloroute : le magnifique Pont Julien (monument de l’Empire romain), les bords du Calavon, les anciennes gares et Apt qui est considérée comme la capitale du fruit confit. En plus de la déclivité défavorable en direction d’Apt, une légère brise est venue ajouter une difficulté supplémentaire à notre progression. Nous avons quitté l’EuroVelo 8 qui se dirige vers Forcalquier en offrant des vues superbes sur le Lubéron, pour récupérer la route de Rustrel, avant d’arriver à la bifurcation en direction de Lagarde d’Apt, au bout de 3 heures d’efforts. Puis nous avons entamé les onze kilomètres de ce col qui culmine à 1101 mètres d’altitude, avec une pente moyenne de 7%.

Nous savions que la prudence était de mise pour cette ascension, car nous devions encore rentrer au Paluds. Comme d’habitude, je fixais l’allure car Gilbert bien meilleur escaladeur que moi, aurait imprimer un rythme trop élevé pour moi. J’ai donc calé mon rythme cardiaque à 162 pulsations, juste en dessous du passage en anaérobie lactique (165 puls), qui produit de l’énergie à partir de la dégradation incomplète des glucides stockés dans le foie et les muscles et s’accompagne de la production d’acide lactique, qui provoque à terme des crampes musculaires. Ainsi nous avons progressé à une allure moyenne de 8,8km/h pour rejoindre le sommet en 1h15 d’efforts en alternant la position assise et celle dite de la danseuse qui soulage les muscles avec un braquet de 34×27.

C’est au détour d’un virage un peu relevé que je me suis remémoré la sortie du 21 mai 1980 accompagné de Serge Borel et Robert Cionini. Nous avions effectué la même sortie mais à une allure bien plus rapide. J’ai le souvenir d’être monté en 44mn avec un braquet de 42×19. Mais impossible de me rappeler de la moyenne effectuée sur les 155km, car à l’époque, il n’y n’existait que le compteur Sachs Huret, qui se fixait à l’extrémité de la fourche et qui ne comptabilisait que les kilomètres journaliers avec un totalisateur. Pas de vitesse instantanée, encore moins de fréquence cardiaque ou de puissance. Mais à l’époque, c’était un véritable progrès, car jusqu’à l’apparition de cet appareil, il fallait comptabiliser la distance parcourue à l’aides des bornes ou des panneaux.

Aujourd’hui, l’instrument parait bien désué par rapport aux compteurs GPS de vélo qui tronnent sur nos guidons. Ces petits bijoux proposent en plus des données basiques, comme la vitesse instantannée, la vitesse max, le nombre de tours de pédale à la minute, un suivi méticuleux de notre condition physique. En effet il est possible de consulter des informations sur notre Stamina pour connaître notre niveau d’énergie restant, d’identifier les cibles de puissance recommandées pour nous aider à gérer nos efforts tout au long d’un parcours, d’affichez la distance qu’il reste à gravir ainsi que le degré de la pente à venir, etc… Bref, cet appareil démontre à lui tout seul, l’evolution considérable du matiriel cycliste depuis les années 80.

 Arrivés au sommet, nous avons cherché en vain le panneau du col. C’est à la sortie du hameau de Lagarde d’Apt que nous avons figé le souvenir de cette sortie.

Le retour, se fit sous une chaleur accablante 32° par l’EuroVelo 8. En 1980 la piste cyclable n’existait pas, mais aujourd’hui nous avons fait le même nombre de kilomètres, soit 155km à une moyenne de 20,9km/h, avec un dénivelé positif de plus de 1300 mètres.

Un grand bravo à Gilbert, qui pratiquement sans préparation a pu réaliser cette escapade à 74 ans. Quant à moi, je suis content d’avoir été capable de réaliser la même sortie 45 ans après.  

Les Paluds, Cavaillon, Coustellet, Apt, Lagarde d’Apt, St Jean de Sault, Joucas, Goult, Coustellet, Robion, Cavaillon, les Paluds, soit 155km.