Le samedi 17 juin, Gilbert était le seul représentant de l’USP à se présenter au départ de la 30ème édition d’un des plus grands rassemblements cyclistes d’Europe. 12131 coureurs s’étaient engagés sur les épreuves qui se disséminaient sur 4 journées. Pour cette 30ème édition, Bernard Vallet le parrain historique de l’Ardéchoise, avait invité Bernard Hinault, qui fut son ex-coéquipier et ami.
Gilbert avait choisi le même circuit « Les Boutières » qu’il pratiqua en cyclotourisme en 2022, pour cette fois, se mesurer aux autres coureurs de sa catégorie. C’était un véritable défi sportif, 125km pour 2295 mètres de dénivelé positif, avec pas moins de 5 cols, au rythme d’une course. D’ailleurs ce circuit situé au cœur de la haute-vallée de l’Eyrieux, bénéficiait de 110km de routes privatisées.
Pour rallier Saint-Félicien des Paluds de Noves, soit environ 200km par l’autoroute, il avait réservé un hôtel à Bourg-lès-Valence, afin de couper le cheminement en deux étapes.
Le matin de l’épreuve il partit aux aurores de l’établissement hôtelier, pour rejoindre Saint Félicien via Tournon-sur-Rhône. Mais à 5h45, il fut stoppé à environ 5km du village départ par les organisateurs, qui le firent garer dans un des parkings prévus pour accueillir la masse importante de participants ; un pré immense accroché au flanc de la colline. Cet arrêt obligatoire a perturbé sa préparation, car il avait imaginé pouvoir se garer à proximité de l’aire de départ comme l’année précédente, afin de récupérer son dossard et de revenir à la voiture pour se préparer.
Troublé par les circonstances, il en oublia de prendre son compteur pour rallier l’aire de départ et compte tenu de l’éloignement et de la déclivité de la route, il n’était pas question de revenir à la voiture pour le récupérer. L’absence de compteur le privera de repères, notamment pour identifier le nombre de kilomètres restant à parcourir, mais le fait d’avoir choisi le même parcours que l’année précédente, lui a permis de gérer au mieux les différentes ascensions. Il récupéra son dossard « 1550 » sans problème et vers 6h30, il était déjà positionné aux environs de la 100ème place sur la ligne de départ, où plus de 8000 participants s’agglutineront avant de s’élancer sur les différents circuits proposés ce samedi 17 juin.
Bernard Hinault, Bernard Vallet et les élus ont donné le départ de l’épreuve et il faudra plusieurs minutes pour que cette cohorte multicolore vide les rues du village.
Le col du Buisson, premier col de la journée, fut une formalité pour Gilbert qui a rapidement trouvé son rythme. Quelques coureurs plus téméraires le doubleront dans la descente, mais dans le col suivant, celui des Nonières, il les doublera à nouveau. Juste le temps de remplir la gourde et de récupérer quelques pâtes de fruits à l’un des nombreux ravitaillements colorés, et le voilà reparti à l’assaut du col de la Clavière, qui culmine à plus de mille mètres. Les 12km de cette ascension ont été plus pénibles que les précédentes escalades, mais cela ne l’empêchera pas de doubler encore quelques concurrents, malgré les premiers signes de crampes. Les ascensions suivantes ont été accomplies dans la gestion de cet acide lactique, qu’il saura maitriser jusqu’à l’arrivée. Puis le col de Lalouvesc, ultime difficulté du parcours, se présenta à lui avec ses 10km, dont les cinq premiers sont particulièrement ardus. Le passage à plus de 12% fit mal aux jambes. D’ailleurs cette pente affectera plusieurs coureurs qui avaient présumé de leur force. Certains étaient littéralement allongés au bord de la route à la recherche d’un second souffle. C’est peut-être ce qui a décuplé l’envie d’en finir avec la déclivité positive, Gilbert escamotera avec vivacité les quatre derniers kilomètres, avant de plonger vers l’arrivée, pleinement satisfait par son classement. 440ème au scratch sur les plus de 2729 coureurs qui ont terminé l’épreuve « Les Boutières ». Il aura fallu 5H41 d’efforts bien maitrisés pour se classer 24ème de sa catégorie, à presque 22km/h de moyenne, ce qui positionne parfaitement les capacités de cet homme de 72 ans.
D’ailleurs il recevra plusieurs messages de félicitations de la part des collègues, qui partagent avec lui les sorties d’entrainement, ainsi que celles du Président de l’USP, fier de l’exploit réalisé par cet homme attachant et animé par une volonté de fer.
Une fois le plateau repas englouti, il reprit le vélo en direction de Tournon-sur-Rhône pour revenir vers sa voiture. Cependant au bout de quelques kilomètres, il dut se rendre à l’évidence, le parking était introuvable. Il sollicita les bénévoles qui géraient la circulations des véhicules, mais sa quête resta vaine. Enfin, il trouva une personne, qui lui indiqua que dans le village, une deuxième route existait en direction de Tournon-sur-Rhône, ce qui l’obligea à faire demi-tour. Après avoir vaincu la pente pour revenir sur ses pas, il bifurqua sur le bon itinéraire où il reconnut le paysage et trouva enfin sa voiture, fatigué par cette errance saugrenue d’une trentaine de kilomètres supplémentaires, dont il se serait volontiers passé…