L’Étape du Tour de France cyclo permet aux amateurs de pédaler sur les mêmes routes et dans les mêmes conditions que les cyclistes professionnels depuis 1993. Grâce à l’important travail mené en collaboration avec les forces de l’ordre, les collectivités locales et les pouvoirs publics, cette cyclosportive propose des routes totalement fermées à la circulation. Cette 30ème édition avec ses 16 000 inscrits, représentait bien évidemment un immense défi sportif, que Pierre Ozimek a de nouveau relevé le dimanche 9 juillet 2023. Au programme : 152 kilomètres de route avec plus de 4100 mètres de dénivelé positif entre Annemasse et Morzine.
Arrivé à Annemasse Pierre a déposé la bicyclette du porte vélo et a constaté que la roue avant était dégonflée. Un peu étonné, il la regonflera avant qu’elle ne se dégonfle à nouveau. Un rapide examen du pneumatique n’a pas permis d’identifier la cause de cette crevaison et il dut se résoudre à remplacer la chambre à air, avant de pénétrer dans le sas de départ. Contretemps dont il se serait bien passé.
Six jours avant les professionnels qui ont emprunté ce parcours lors de la 14e étape du Tour de France, le départ a été donné entre 7h00 et 9h00. L’ouverture des différents sas de départ a permis de réguler le nombre de coureurs sur la route.
Dès le départ d’Annemasse, les coureurs ont affronté les premières pentes du col de Saxel. Une entame en douceur compte tenu de la suite du programme, avec une pente à 4,2% de moyenne. Pierre qui prépare entre autres la fameuse cyclo Paris-Brest-Paris programmée au mois d’août, est particulièrement endurant et il sait qu’il ne faudra pas jeter toutes ses forces dans cette première ascension. D’ailleurs il a géré cette difficulté avec habileté, ni trop vite, ni trop lentement.
Cependant en haut du col, il dut se rendre à l’évidence, sa roue avant était encore à plat. Le pneu quelques peu récalcitrant, lui donnera des sueurs froides avant de lui permettre de reprendre sa marche en avant et enfin passer le contrôle temps en 9 466ème position. Puis vint le col de Cou, classé en 1ère catégorie (7 km à 7,7 %).
Cette ascension proposait un paysage ouvert jusqu’à la Seyne avant d’évoluer en sous-bois. Les 3700 premiers mètres ont offert une pente comprise entre 7 et 9%. Puis peu après les Ruppes, le raidard à 12,5% se fera sans encombre, avant de retrouver des passages compris entre 7 et 8%. Il passera le contrôle temps au sommet de cette difficulté en 7 135ème position, malgré des sensations qu’il a qualifiées de « pas super ». Habitué à pédaler en osmose avec chaque composante de son organisme, il dut admettre que les jambes tournaient bien, mais sans véritables rendement. Peut-être encore contrarié par cette crevaison et ce pneu difficile à repositionner, qui lui fit entrevoir l’impossibilité de rallier l’arrivée.
Puis il a enchainé le col de Feu (5,9 km à 7,9 %) sans réelle difficulté, avant d’entamer le long col de la Ramaz (13,9 km à 7,1 %), qui procure des vues magnifiques sur les sommets des Chaînes du Bargy et des Aravis.
Quand le mauvais sort s’acharne, il faut garder son calme. C’est l’attitude qu’il a adopté lorsqu’une nouvelle crevaison de la roue arrière, est venue perturber cette ascension, dont le sommet était encore loin. Heureusement qu’il avait eu l’opportunité d’acheter une chambre à air dans un garage, situé sur le parcours quelques kilomètres auparavant. Il batailla à nouveau pour replacer le pneu dans la gorge en évitant de coinser la fine enveloppe de caoutchouc, avant de le regonfler et de poursuivre la montée vers le sommet, situé à 1 619 m d’altitude après 106 km.
La descente technique mena les coureurs dans la vallée jusqu’à Samoëns, au pied du col de Joux Plane, passage mythique du Tour de France, puisqu’il y est déjà passé 13 fois depuis 1978 et classé hors catégorie avec ses 11,6 km d’ascension à 8,5 % de moyenne.
Le compteur affichait 125km et il avait déjà pédalé durant plus de huit d’heure. Il a fait la première moitié de l’ascension dans les alpages sous un soleil écrasant qui obligeait à s’hydrater régulièrement, avant de pénétrer dans la forêt qui enfin, offrait un peu de fraicheur. C’est ici qu’il a pris le temps de s’allonger quelques minutes pour récupérer un peu, au milieu d’autres concurrents dont le nombre éloquent de vélos étalés le long de la route, illustrait parfaitement la difficulté de cette épreuve.
A la sortie du bois, une courbe interminable permettait d’apercevoir le col au loin. Il a fallu encore faire preuve d’un courage obstiné pour vaincre la pente et atteindre le sommet culminant à 1 691 mètres d’altitude. Mais au pinacle de cette ascension, quel spectacle magnifique avec cette vue dégagée sur le Mont-blanc et son massif !
Toutefois sans perdre trop de temps, il basculera dans la descente technique qui mobilisera vigilance et concentration pour atteindre Morzine au bout de 9h35mn d’efforts intenses, mais sans une fatigue excessive.
D’ailleurs dès le lendemain il remontera sur le vélo pour rejoindre Besançon au bout de 140km. Quel phénomène ce Pierre !
Cette journée lui a permis de peaufiner sa préparation pour la prochaine grande échéance du mois d’août : Brest-Paris-Brest, soit 12 180km et 11 892 mètres de dénivelé positif cumulé.
Infatigable, quelques jours seulement après l’Etape du Tour, il a entrainé son épouse Edith, sur le tour de la Bourgogne à vélo, en 9 étapes de 80km.