06 Août, 23

A l’initiative de cette escapade nocturne, Dominique Nieto a lancé l’invitation via le groupe WhatsApp utilisé pour définir les modalités de nos sorties vélo. Gilbert Vial a été le plus prompt à répondre par l’affirmative et Pascal Mathieu accompagné de sa fille Dorine, se sont également ralliés au groupe composé de Tim et son fils Louis, Dominique et son beau-frère Christophe, qui lui était équipé d’un beau VTC à assistance électrique.

L’ascension depuis Malaucène est moins connue que celle effectuée depuis Bédoin, peut-être à cause de la notoriété du Tour de France, qui aborde généralement le Mont Chauve par Bédoin ou Sault. Cependant elle est tout aussi redoutable. Tandis que coté Bédoin la pente est constituée de longues portions continues à forts pourcentages, coté Malaucène, la montée de plus de 21km à 7,2% de pente moyenne, présente des portions plus pentues avec des replats qui permettent de récupérer.

Dominique avait fixé le rendez-vous au parking de la source du Grozeau 3h50, le dimanche 6 août 2023.  Cette aire de stationnement est située à la sortie de Malaucène, en bordure de la route du Mont Ventoux. La météo prévue pour cette nuit était plutôt propice à profiter pleinement de cette expérience nocturne : 13° avec un mistral plutôt favorable composé de rafales à 35km/h. Malheureusement dès leur arrivée sur le parking, ils s’aperçurent que le vent était déjà bien établi. Sans perdre de temps, le groupuscule s’est élancé à l’assaut du géant de Provence à 4h00, à la seule lueur des loupiotes rapportées, avec l’espoir d’apercevoir la lune plonger à l’horizon, et le soleil se lever de l’autre côté.

Les longues courbes se sont enchainées dans la forêt jusqu’au Mont Serein sur une pente fluctuante, enveloppée par le mystère d’un environnement où le paysage était plus deviné que vu. Le ciel était étoilé, mais les faisceaux lumineux des lampes, qui habituellement mettaient en évidence la danse des bestioles volantes, étaient débarrassé du moindre insecte par les bourrasques de ce vent tournoyant.

Ces faibles rais de lumière ne permettaient pas de visualiser la pente, ce qui a peut-être rassuré Pascal, qui était un peu angoissé par cette longue ascension. Les encouragements des uns et des autres, lui ont permis de vaincre les appréhensions de ce challenge personnel, que la nuit a sublimé.

A la sortie de la forêt, le ciel s’est couvert, les rafales de vent se sont faites plus fortes et la fraicheur nocturne a commencé à se faire sentir. D’ailleurs ils ont stoppé un moment leur progression pour enfiler un coupe-vent. C’est à ce moment-là que Pascal a aperçu un chamois traversant la route à moins de 2 mètres de lui. Rencontre inoubliable avec ce ruminant bondissant !

Dominique en verra également un autre un peu plus loin, mais l’obscurité ne lui a pas permis de le prendre en photo.

Les trois derniers kilomètres de cette ascension beaucoup plus exposés au vent et noyés dans les nuages, furent éprouvants. Ils ont roulé au milieu de la chaussée en serrant bien fort le guidon pour résister au coup de butoir des rafales particulièrement vigoureuses, qui les faisaient dévier de leur trajectoire.

Arrivés au sommet après 2h20 d’effort, ils ont découvert un paysage enveloppé par le brouillard, malgré un vent tempétueux avoisinant les 100km/h. La visibilité très réduite leur a subtilisé l’espoir de contempler le merveilleux spectacle qui devait s’offrir à eux. Il n’y avait pas grand monde au sommet, tant la météo était défavorable pour contempler les premières lueurs du soleil. Seuls cinq audacieux marcheurs ont croisé leur chemin en les applaudissant pour saluer l’exploit téméraire de ces cyclistes audacieux. Ils leur ont indiqué que le thermomètre ne dépassait pas les 3°.

Juste le temps d’enfiler bonnet, veste et gants polaires pour redescendre illico. Seul Pascal eut le courage de prendre la pause pour un souvenir numérique, avant de prendre la direction de Malaucène.

Pour plus de prudence, ils ont descendu les premiers 400 mètres à pied pour éviter de se faire emporter par les coups de vent violent qui soulevaient les vélos. Tim, Louis, Dominique et Christophe ont fait une halte au Mont Serein pour prendre un café chaud, que Natalie, l’épouse de Tin leur a monté en voiture.  

Pascal Dorine et Gilbert ont préféré poursuivre leur chemin, tant ils étaient frigorifiés, l’œil rivé sur le compteur, qui décomptait trop lentement le nombre de kilomètres les séparant de la voiture. D’ailleurs de retour sur le parking, ils ne mirent pas beaucoup de temps pour replacer les vélos à l’arrière du véhicule, et reprendre la route vers les Paluds avec le chauffage au maximum.

Les caprices de cette météo n’ont pas permis à ces courageux hommes et femme, de profiter pleinement de cette escapade au clair de lune, mais je suis sûr que Dominique renouvèlera ce type d’expérience dès l’année prochaine.

Encore bravo à tous pour cette belle prouesse nocturne.