Dans le cadre de sa préparation pour l’Ardéchoise qui aura lieu le samedi 15 juin 2024, où il projette d’effectuer du mieux possible les 134km constitués de 6 cols avec un dénivelé positif de 2470 mètres, Gilbert avait choisi d’escalader le Mont Ventoux, le 5 juin après la sortie de Lagarde d’Apt réalisée le dimanche 26 mai, où j’avais souffert le martyre. Malgré le souvenir encore vivace d’une matinée particulièrement pénible pour moi, j’ai décidé d’accompagner une nouvelle fois Gilbert dans sa quête à supporter les efforts de longue durée.
Pour préparer au mieux cette sortie, j’avais décidé de nettoyer en profondeur mon vélo, même si celui-ci n’a jamais été très sale. J’ai donc démonté la chaine pour la passer aux ultrasons qui dégraissent et éliminent les impuretés efficacement. C’est vrai qu’après un tel traitement, la chaine ressort comme neuve. J’ai également récuré les molettes du dérailleur avant de les huiler au WD40. Puis après avoir remonté la chaine à l’aide du maillon rapide, je l’ai lubrifiée avec la cire Smoove, qui retarde l’apparition du cambouis. Enfin pour me faire plaisir, j’ai passé le cadre et les roues au nettoyant Wag Bike, qui permet d’éliminer facilement la saleté, la crasse et les autres contaminants, avant un lustrage au chiffon en microfibre. Opération qui dura deux bonnes heures, mais quelle satisfaction de voir étinceler mon vélo !!
J’avais donc répondu favorablement à l’invitation de Gilbert véhiculée via WhatsApp qui réunit l’ensembles des coureurs intéressés par nos sorties Club. Mais compte tenu d’une infirmerie surchargée, personne d’autre ne s’est manifesté.
C’est à 6h00 que Gilbert est venu me chercher à la maison avec le C15 dans lequel nous avons monté mon vélo à côté du sien, à l’arrière du véhicule. C’est vrai qu’il est pratique une fois arrivé sur place, de sortir les bicyclettes sans avoir à remonter les roues, d’autant plus qu’il faut beaucoup plus de temps pour remettre les roues équipées de freins à disque et de serrage vissé, que pour un vélo avec les patins de freins et serrage dit rapide à excentrique.
Une fois arrivés à Villes-sur-Auzon, nous sommes partis à vélo en direction de Flassan à 7h15. Mon vélo filait tout seul, pratiquement pas de frottement au niveau de la chaine, c’était un vrai régal. 39mn plus tard, nous étions arrivés au virage de Saint Estève où les choses sérieuses commençaient.
Heureusement pour moi, les jambes répondaient bien mieux que pour l’ascension de Lagarde d’Apt. J’ai positionné la chaine sur le 34×30 et je suis parti à l’assaut de ce géant de Provence dans l’espoir de ne pas trop souffrir. Gilbert dont l’aisance sautait yeux, avait décidé de rester à mes côtés. Je roulais « en dedans » entre 5 et 7km/h, en fonction de la pente. Il m’a fallu 1h16 pour arriver au Chalet Reynard, sans être particulièrement entamé. Il faut dire qu’à cette vitesse qui frôlait l’épreuve de surplace, il ne pouvait pas en être autrement. Quant à Gilbert qui me tournait autour, il avait effectué quatre sprints de 10 secondes et zigzaguait pour m’attendre, où il rebrousser chemin pour revenir à mes côtés s’il s’était trop éloigné. Un Irlandais qui m’a doublé, a permis à Gilbert d’entamer une conversation en anglais durant un moment. Cet homme d’une cinquantaine d’années lui a indiqué qu’il faisant l’ascension par Bédoin pour redescendre vers Malaucène et revenir au sommet une deuxième fois dans la journée. Et bien en ce qui me concerne, une fois me suffisait amplement !!
Passé le Chalet Reynard la pente s’adoucie légèrement, ce qui m’a permis de descendre d’une couronne pour passer en 34×27. J’ai pu rouler entre 8 et 10km/h avec satisfaction, jusqu’à la stèle dédiée à Tom Simpson, où la déclivité se fait plus rude. Je ne suis pas sûr que Gilbert s’en soit aperçu, tellement il dégageait une impression de facilité. D’ailleurs un des photographes postés à l’affut des coureurs qui se battent contre la déclivité, a demandé à Gilbert d’arrêter de zigzaguer pour immortaliser cet instant avec son appareil numérique.
A un kilomètre du sommet, il m’a fallu remonter une couronne pour retrouver une vitesse de 6km/h, enfin je ne suis pas sûr que l’on puisse parlait de vitesse à ce rythme-là. Il m’aura fallu deux heures pour arriver au sommet où Gilbert se décontractait déjà les jambes, après avoir fait un dernier sprint pour accéder au pied de l’émetteur du mont Ventoux, qui est une installation servant principalement à la diffusion de la télévision et de la radio.
Nous avons sollicité un des rares coureurs pour immortaliser ce moment, avant d’enfiler un coupe-vent, car mon compteur affichait 14,6° à 9h55. Nous avons entamé prudemment la descente vers Sault où la pente plus douce, permet de ne pas être obligé de se crisper sur les freins pour maitriser la vitesse. La remontée vers Monieux m’a rappelé que précédemment je m’étais employé durant deux heures pour accéder au sommet du géant de Provence, et il m’a fallu un temps d’adaptation pour évacuer la douleur générée par le changement de rythme. Puis la remontée vers les Gorges de la Nesque ne nous a pas paru particulièrement pénible. Nous avons entamé la descente en direction de Villes-sur-Auzon tout en évitant les pierres qui avaient dégringolé sur la chaussée.
Au bout de 4h22mn d’effort pour effectuer les 80km et 1679m D+, nous avons retrouvé le C15 garé sous les pins à côté du camping municipal, satisfaits d’avoir su mener à bien cette escapade pleine de charme. Il a fallu ouvrir les fenêtres pour évacuer la chaleur accumulée dans le véhicule, car le thermomètre affichait 29° un peu avant midi. Puis nous avons pris la direction des Paluds de Noves en commentant avec satisfaction les moments forts de cette belle matinée.
Encore un grand BRAVO à Gilbert dont la fraicheur mentale m’impressionne. Cet homme de 73 ans capable de pratiquer le fractionné pour peaufiner sa préparation aux différentes cyclosportives qu’il à cocher sur son calendrier, fait preuve d’une bravoure exemplaire. Il se lance des défis tel que les cyclosportives ou les longs raids à travers le pays ou l’Espagne pour donner du sens à ses sorties à vélo. Je lui souhaite une totale réussite dans ses entreprises futures, notamment pour l’ardéchoise qui s’approche à grand pas.
Luc Ferrier